Age des low-tech : Un droit de tirage en péril (partie 3)

Jeffrey Houngbadji
7 min readJul 15, 2021

Thèse : La perspective d’une alternative de “moindre performance” pourrait-elle induire des contraintes insurmontables ?

Les contraintes dites insurmontables ne le sont pas si l’on procède à un triple renouvellement des ressources enfouis dans chaque citoyen :

I) Le désir d’une vitalité démocratique

II) Le désir de renouer avec une vitalité du collectif

III) Le désir d’un nouvel avenir en commun

Une question légitime se pose alors à quoi ressemblerait une vie sous basse technologie ?

I) La fertilité des sols : un exemple pour une nouvelle vitalité de notre système démocratique

A) La reconstitution d’un retour à la terre

En matière de production on devrait mieux utiliser les espaces agricoles tout en se passant des engrais de synthèse issus des exploitations minières.

Dans notre vie quotidienne « il faudrait réduire la quantité de transports, d’emballages et de déchets générés » pourtant la productivité continue d’augmenter tant sans les pays développés que dans les pays émergents par une mécanisation toujours plus lourde ».

La mécanisation plus lourde crée plus de risques d’attaques d’ampleur pour les monocultures.

Ex : « Les sols sur-traités biologiquement morts sont plus sensibles à l’épuisement en oligo-éléments et à l’érosion hydrique et éolienne ».

Les solutions proposées pour reconstituer la fertilité des sols de manière naturelle :

· Baisser la productivité agricole

· Réduire la taille des parcelles (exception faite pour la culture d’élevage de taille moyenne)

· Alterner les types de cultures en fonction des saisons pour minimiser l’usage d’engrais de synthèse

· Orienter le montant des aides agricoles pour concilier le coût du travail humain et déterminer les installations adéquates

· Préserver les terres agricoles près des villes et faciliter la transition vers l’agriculture biologique.

· Développer et inventer un nouveau modèle fondé sur des aspects culturels et réglementaires qui serait un bénéfice équitable entre producteurs et distributeurs

· Limiter les choix dans notre alimentation journalière.

Concernant les transports, il faudrait repenser notre modèle de voiture occidentale car les besoins en parkings participent à l’étalement urbain et la disparition de milliers d’hectares de nos terres agricoles.

Le vélo semble être le meilleur compromis que l’on puisse faire en terme de mobilité car :

· Si on cumule le temps de travail, les coûts annexes que demandent l’entretien d’une voiture, le vélo est plus rentable

· Répartir et mieux organiser le temps de travail en simultané avec la baisse de nos besoins de consommation un modèle alternatif serait trouvé.

B) La reconstitution d’un consentement à la « moindre performance »

Philippe Bihouix « Combien tout cela fait-il d’emploi qui dépendent exclusivement de la voiture. Deux approches seraient possibles pour s’approcher du résultat

Solutions :

· Répartir la dépense moyenne par ménage en omettant les dépenses servant à la collecte d’impôts permettant de maintenir notre macrosystème technique (collectivité locales, Ministères…)

· Etablir un pourcentage approximatif des emplois pour la construction d’un modèle (estimation de 30 à 40%)

· Changer notre référentiel de la vitesse calquée sur l’aérien et l’adapter à de plus petites distances pour économiser des dépenses d’entretiens et de réseaux.

· Inverser la tendance à l’urbanisation et stopper l’étalement urbain

· Réduire et freiner le nombre de constructions nouvelles et privilégier de réhabiliter le parc et les sites existants

· Arrêter l’ensemble des grands travaux d’infrastructures

· Penser la multifonctionnalité des bâtiments et l’habitat partagé

· Revoir la fiscalité sur la location et la politique sur les loyers modérés

La rentabilité et la productivité peuvent être au service du collectif et non de désirs immédiats .

Un ascétisme consenti et collectif peut se faire à partir notre rapport à la terre.

Un ascétisme collectif qui nous rappelle que notre droit de tirage sur les ressources n’est pas illimité

II) Une nouvelle vitalité du collectif

A) Vers une tempérance technologique

Toutes ces recommandations incitent à la modestie et freiner nos envies de démesures de manière à ne pas succomber à d’énièmes promesses technologiques comme les possibilités qu’offrent le calcul quantique par exemple.

Il semblerait que se doter du premier ordinateur quantique généraliste soit la priorité.

Une priorité nous projetant toujours plus vers « une humanité augmentée »

Une priorité alors même que comme le rappelle l’ingénieur :

« L’utilisateur a peu profité de la course à la puissance ».

Les solutions sont variées pour économiser nos ressources :

Pour les infrastructures :

· Réduire les réseaux physiques redondants là où des réseaux sont déjà installés

· Eviter les réseaux sans-fil énergivores

· Mutualiser les serveurs proches tout en veillant à ne pas créer un surplus de trafic

· Décentraliser et se servir de la chaleur des serveurs pour chauffer bureaux et logements

· Utiliser au maximum le matériel d’entreprise plutôt que de le remplacer à la moindre perte de rendement ou au profit de nouvelles montures

· Privilégier les systèmes linux quand on constate des dysfonctionnements d’ordinateurs pour prolonger leur durée de vie

· Privilégier les sites collaboratifs comme Wikipédia qui ne consomme que très peu d’énergie et peu de stockage.

L’économie de la connaissance s’est beaucoup développée avec l’électronique car il a permis aux solutions à distance d’émerger et de croitre.

Il nous faut donc réfléchir collectivement aux usages numériques en nous interrogeant sur nos besoins réels.

Distinguer l’innovation utile de celle de confort.

B) Vers une tempérance à la créance de consommation & énergétique

La question de notre système financier est révélatrice de notre modèle de société qui fonde son fonctionnement sur les crédits et un droit de tirage continuel par rapport aux ressources.

Philippe Bihouix le souligne d’ailleurs le principe de la créance pour divers domaines:

· Les retraites :

« Dans un système pyramidal qui doit, lui aussi, se fonder sur la croissance mondiale, sous peine de s’écrouler »

· Le démantèlement des centrales nucléaires et le montant provisionné alloué :

« Il n’est qu’une créance un droit de tirage sur des ressources humaines et matérielles futures »

Attention à l’effet d’emballement que produit notre macro-système :

« Le système bancaire n’est pas seul à créer l’emballement du système économique. C’est vrai de l’ensemble des activités produisant des biens intermédiaires : machines-outils, chaines de production… »

Les orientations éventuelles :

· Réformer le crédit d’investissement par la complémentarité entre les financements locaux basée sur l’épargne collective (tontine ou micro-crédit) et les financements publics pour les investissements les plus importants

· Réduire nos besoins et de la conception des produits ou se servir des animaux utiles pour alterner des services rendus par la collectivité ou des tâches du quotidien (moutons, abeilles…)

· Généraliser le composte une fois que nous créerons moins de produits avec la méthode de la polymérisation afin pouvoir un peu plus qu’aujourd’hui rendre les ressources extraites des sols.

La question énergétique pourra se résoudre par l’échelle des transformations que l’on voudra faire.

On pourrait organiser la transition maintenant et éviter de gaspiller des ressources et des matériaux.

Pour créer une véritable alternative énergétique basée sur la sobriété, « il faudra bien admettre que les formes d’énergies vraiment durables sont sans doute celles basées sur des systèmes moins agressifs, très locaux et adaptés à leur environnement » (petites éoliennes de village.

Pour opérer à l’échelle de petites communautés, il va falloir penser à s’adapter à plusieurs changements tant au niveau des matériaux qu’aux usages.

Les alternatives proposées :

· Pratiquer le « slow-living » ou procéder à un ralentissement sociétal

· Partager les équipements collectifs et la consommation d’énergies

· Quid du rendement énergétique dans un monde en basses technologies : Estimation de 20 à 25% de la consommation mondiale

· Point de comparaison : le scénario négawatt en 2050 avec une division de 2.5 d’énergie pour chaque personne

· Le mix énergétique n’est pas encore établi plusieurs paramètres doivent être encore pris en compte

Consentir à la moindre performance n’est pas chose aisée, il faudra que ce point soit débattu collectivement avec recul et préparation pour envisager les futures contraintes d’approvisionnement.

III) Une nouvelle vitalité dans notre imaginaire : Vive les low techs

A) Les dangers du statu quo

« Un changement de cap radical serait fort compliqué et risqué mais le statu quo n’est-il pas pire ? »

Si l’on continue ainsi et suivons les tendances actuelles : le déclin de la France, en posant le pays comme incapable de se réformer pour s’adapter à la mondialisation.

La saturation de nos sociétés modernes remplis d’objets manufacturés pèse sur les ressources et nous met face à un dilemme selon les analystes du pic pétrolier.

Philippe Bihouix le problème de la finitude des ressources

« Notre problème majeur vient de la contrainte vient de l’offre contrainte, de la tension sur des ressources énergétiques toujours moins accessibles ».

La gestion du pays par les responsables politiques n’est pas encore très coordonnée avec le même paradigme :

« Oui la société industrielle est devenue terriblement efficace et adaptable, mais ce que nous y avons laissé en contrepartie est visible dans les délocalisations, le chômage et les études sur le mal être au travail ».

B) Les perspectives actuelles face aux transitions sociétales

3 positions face aux mutations dues aux défis vertigineux qui nous attendent en changeant de paradigme :

· L’attentisme : « on trouvera bien pour gérer au mieux, les ennuis, ils sont payés pour ça (on peut remplacer par les bureaucraties françaises et européennes)

· Le fatalisme : « Rien n’ a espérer d’un repli sur soi survivaliste, car il faudra bien au contraire et plus que jamais vivre ensemble et faire société, pour le meilleur et pour le pire »

· Le survivalisme : « Pour durer dans un tel monde, il faudrait faire du very low-tech »

La capacité à rendre notre macrosystème résilient dépend de l’entente de la collectivité à déterminer « un scénario d’adaptation » où le serrage de ceinture généralisé et l’explosion des inégalités ne seraient plus accepter dans la résignation et l’apathie.

Rompre avec le There is no alternative cher à Tchatcher

4 axes doivent être réformés :

· L’emploi

· La question d’échelle

· La mutation de notre système de valeur.

Défi de taille : Construire une transition plausible et inclusive

La seule solution c’est de rendre la transition désirable.

La consentement à la moindre performance demanderait juste d’agir avec calme et sérénité face à la Terre.

La Terre à qui nous devons une autre organisation pratique.

Nous sommes en train de tirer sur la corde, à nous de veiller à ce qu’elle ne se rompe pas…

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